Jean Pierre, tu es parti sans nous dire adieu, bien trop vite, bien trop tôt, sans faire de bruit.
Tu ne voulais pas déranger, disais-tu. Non seulement tu ne voulais pas déranger, mais au contraire, tu te mettais à la disposition des autres, et c’est toi, toujours avec la même discrétion, qui remplissais les nombreuses missions ingrates et pourtant nécessaires. Tu étais toujours disponible.
A la retraite depuis 2006, tu avais choisi, avec ton épouse, de revenir à Felletin, ta ville, la ville de tes ancêtres, la ville de ton école, celle de la colline des Granges.
Comme de nombreux jeunes felletinois de ta génération, tu as fréquenté l’Ecole des métiers du bâtiment, celle qui t’assurerait une formation, t’apprendrait un métier et te procurerait un emploi, à condition de partir… Le temps d’épouser une creusoise d’une commune voisine (Moutier-Rozeille) et vous êtes partis, comme tant d’autres …
Tu avais appris la serrurerie et la construction métallique et tu avais pris part à l’édification de cet établissement. Je me souviens qu’en 2011, pour le centenaire, tu nous expliquais comment, avec ta classe, tu avais participé à la fabrication de la charpente métallique du gymnase. Une œuvre d’art.
Tu en étais fier et tu pouvais l’être.
Tu avais choisi de revenir à Felletin, après une carrière bien remplie dans les bureaux d’études et les services commerciaux d’entreprises spécialisées dans les murs rideaux, façades et menuiseries en aluminium, dont PECHINEY à Paris. Plus tard, ELMADUC, entreprise installée en Auvergne t’avait donné l’opportunité de vous rapprocher de votre Creuse natale.
Ce retour aux sources, que tu avais programmé comme un temps de bonheur à vivre à deux, avec la famille et les amis, – les enfants ayant acquis une situation et vous ayant donné des petits-enfants -, fut hélas éphémère, puisque tu te retrouvais seul très vite, une cruelle maladie emportant celle qui était à tes côtés depuis 40 ans.
Ce deuil, tu ne pourras jamais le surmonter.
En 2008, connaissant ton attachement pour Felletin, ta disponibilité, tes compétences, nous t’avons proposé de rejoindre notre liste.
Ton élection fut comme une résurrection, avec un nouvel objectif, une nouvelle raison de vivre.
Tu t’es impliqué du mieux que tu as pu, quelques fois au-delà de tes forces, faisant fi de la douleur que tu nous cachais.
Homme de convictions mais toujours discret, tu n’aimais pas te mettre en avant.
Avec la même persévérance que ton engagement d’élu, tu avais mis toute ton énergie à créer le festival Jazz à Felletin. Tu souhaitais ainsi partager ta passion pour le jazz. Cette musique si diversifiée qui t’attirait tant, t’amenait à rejoindre régulièrement des festivals et artistes reconnus. C’était des moments essentiels pour toi, écrit en rouge dans ton agenda !
Le même agenda que celui des activités nombreuses que nous avions ensemble à la mairie, au service des habitants de cette ville que tu aimais. Même dans des périodes où ta mobilité était réduite, nous avions pris l’habitude de travailler à distance, grâce à internet. Via la webcam, tu participais aux réunions et même au conseil municipal. Cela peut paraître très secondaire, mais ce lien particulier avec cette mairie était essentiel pour toi comme pour nous. Dans tes responsabilités d’adjoint, tu savais toujours avoir un mot pour chacun. Tu suivais avec précision chaque dossier qui te revenait. Ta discrétion transpirait. Ta disponibilité et ton sens des responsabilités étaient des qualités appréciées.
Tes enfants, tes petits enfants, peuvent être fiers de toi, tu as bien rempli ta mission.
Même si tu n’aimais pas être sur le devant de la scène, aujourd’hui, Jean Pierre, c’est autour de toi que nous sommes réunis, pour te dire adieu, pour penser à toi une dernière fois au son de cette musique qui symbolise un mélange d’humanité, de cultures et de couleurs.
Jean Pierre, en mon nom propre, au nom du conseil municipal de Felletin et des élus communautaires, des élus du territoire, au nom des agents municipaux, je présente mes plus sincères condoléances, à ta famille, à tes amis, à tous ceux qui t’aimaient et t’appréciaient.
Qu’ils soient assurés de notre profonde sympathie.
Adieu Jean Pierre.
Texte prononcé par Madame le Sénateur-maire lors des obsèques de Jean-Pierre LAUBY le 21 août 2013