Felletin, une double origine pour la naissance d’une ville
Comme d’autres grandes villes du Limousin (Limoges, Eymoutiers, Meymac..), Felletin a la particularité d’avoir développé 2 noyaux de peuplement : l’un d’origine féodale, l’autre d’origine monastique.
La ville primitive s’élevait à Beaumont. C’est à cette colline, à l’est de la ville actuelle, que se rapportent les plus anciennes légendes. Beaumont aurait abrité un sanctuaire païen édifié à la gloire de la déesse Félis (fougère) dont le nom associé à celui du Tin, ruisseau qui traversait autrefois la ville, a donné l’étymologie de Felletin. On distingue aujourd’hui encore nettement la motte castrale sur laquelle s’élevait ” un château aux grandes tours ” habité par la dame de Felletin, Alengarde, Comtesse de la Marche.
Au XIIème siècle, les moines de l’Abbaye de Sainte Valérie de Chambon sur Voueize fondèrent un monastère sur un replat de la vallée. Peu à peu, la population s’installa autour du prieuré pour former le centre ancien qui subsiste actuellement.
Il faut dire que la nouvelle agglomération qui se forma, s’entourant de fortifications, jouissait d’une meilleure position géographique car plus proche de la Creuse et des grandes voies de communication reliant Bordeaux à Lyon et Paris à Toulouse.
De terribles incendies ravagèrent la ville en 1128 et 1248. On sait également qu’elle fut dévastée en 406 par le général romain Stilicom, ravagée par les normands en 845, décimée par le ” mal des ardents ” en 995, mise à sac par des routiers, ” les mercaders ” en 1191, pillée par le prince noir en 1356 et prise par les protestants du Sieur de Montagnac en 1575. En 1581, une terrible épidémie obligea les habitants à se réfugier dans les “Chauminis”, sur le bord de la Creuse, souvenir que rappelle le ” Pont des Malades “
Toutes ces vicissitudes ne s’opposèrent pas à un rapide essor. Le positionnement stratégique de la cité permit le développement d’industries florissantes : minoterie, tannerie, papeterie et bien sûr tapisserie. La ville à mi-parcours entre Limoges et Clermont devint lieu de passage obligé et centre d’approvisionnement de toute la région. Cette prospérité fit que la ville comptait 5000 à 6000 habitants au milieu du XVIème siècle et briguait le titre de Capitale de la Marche.
Felletin, Berceau de la tapisserie
Aucun texte antérieur au XVIème siècle ne parlant de tapisserie d’Aubusson et ceux du XVIIème faisant référence surtout à Felletin, nous pouvons conclure à l’antériorité sinon de l’installation du tissage du moins d’un développement commercial à Felletin.
Les premières mentions de la tapisserie de Felletin désignent, dans divers actes publics ou privés, d’une manière plus large des tapisseries d’Auvergne, de Felletin, de Marche…
(image : Verdure XVIIème siècle)